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mercredi 4 novembre 2015

Mon voyage en Côte d'Ivoire (suite du 1er jour)

C'est quand j'ai vu un véhicule utilitaire plein à craquer d'Ivoiriens que j'ai percuté que j'étais loin de chez moi. Quand je dis"plein à craquer", je veux dire qu'ils étaient 5 à l'avant, 10 derrière, et encore 4 ou 5 autres dépassant des portières, un pied dedans l'autre dehors, se cramponnant tant bien que mal tandis que le véhicule s'engageait à toute bombe dans la circulation.
Autant le dire tout de suite, avant de conduire ici, il faut un temps d'adaptation. Ca circule, et pas qu'un peu, dans tous les sens, passant devant, derrière, on se monte dessus, les feux sont vaguement respectés mais restent globalement optionnels. On s'arrête sur une 2 voies, un taxi nous encadre à droite, un second à gauche, le 3eme monte sur le trottoir pour s'insérer. Ce genre de choses.





Il existe un unique grand axe à Abidjan : le boulevard VGE (du nom de notre ex-président, si si). 2 fois 4 voies, plein de carrefours anarchiques, et personne n'a pensé à construire des souterrains ou des passerelles pour les piétons, ni même un passage piéton. Les gens sont donc contraints de traverser quand et comme ils le peuvent. Vue la circulation et la vitesse des voitures, je ne m'étonne pas quand François m'annonce qu'il y a grosso modo un mort chaque jour sur cet axe.
Ceci dit, il règne une ambiance joyeuse, bon enfant. C'est le merdier, mais joyeux, heureux. C'est peut être l'impression la plus forte que j'ai eu. Les gens sourient, sont contents ou en donnent l'air, en tout cas. C'est une sorte de flegme local qui fait relativiser le bordel ambiant. T'en as globalement rien à foutre, en fait. Tu te dis que c'est l'Afrique, tu fais avec. L'état d'esprit est assez contagieux.

Côté architecture et infrastructure, le bilan est tout aussi contrasté. D'un côté, on a des éléments récents, posés par ci par là au milieu d'immeubles pas finis, barres de bétons au riez de chaussée desquels se sont installés quand même des commerces. Certains, récents, évoquent les enseignes européennes, d'autres sont faits de bric et de broc. On y trouve tout et n'importe quoi. Les habitués des produits aseptisés français, moi le premier, regardent l'ensemble avec un œil circonspect.
Les routes sont correctes, dans le quartier où habite François. Entendez par là que la terre est tassées, et que les trois sont comblés avec çe qui semble être de la tuile concassée. Oubliez le goudron qui a disparu depuis qu'on a quitté l'axe VGE. Point de trottoirs, des égouts non entretenus qui débordent dès qu'il y a un gros orage, des tentatives de parcs et jardins posés au milieu de zones non entretenues, j'en passe et des meilleures. Même chose du côté des bâtiments. Tout se superpose dans un joyeux bordel, à l'image des gens, de l'ambiance, de tout ce que j'ai pu voir pendant ces quelques 15 minutes de route.

Cahin caha, nous arrivons au pied de l'immeuble où habite François, construction relativement récente de 7 étages. Son appartement se trouve tout en haut. En nous garant, je sursaute quand un homme en t-shirt jaune ouvre ma portière et semble attendre que je fasse quelque chose. Et oui, moi je suis français, un mec qui m'ouvre la porte, c'est soit qu'il veut m'agresser, soit qu'il espère que je lui file du pognon. Alors quand j'apprends quil s'agit simplement des gars qui assurent la sécurité et l'accueil à pied de l'immeuble, je suis surpris. Ils sont super heureux d'accueillir le "fils du patron", prennent mes bagages, l'un d'eux nous accompagne jusqu'à l'appartement.
Je précise que quand je parle du "fils du patron", çe n'est pas u e quelconque marque supérieure. François les appelle patron, ils l'appellent patron, on se tutoie, c'est surprenant quand on connait pas, mais c'est comme ça. Moi, à ce moment-là, j'ai déjà renoncé à garder le contrôle de la situation, les usages ici sont trop différents de chez moi. Les gens sont gentils et serviables, bordel, j'ai pas l'habitude.
Alors oui, évidemment, des billets glissent d'une poche à l'autre. Trois fois rien pour un expatrié, mais ca met du beurre dans les épinards des gars d'ici. C'est l'usage, c'est une marque de remerciement et de respect, pas comme le pourboire qu'on donne en hôtel chez nous, qui est attendu, voire exiger. Ici, ça semble créer un réel lien, et les mecs sont prêts à tout faire pour François. Ils l'adorent, lui les respecte, pas de réelle barrière en fait, dans la mesure du possible.
Je n'en reviens toujours pas. 3 mecs pour garder un immeuble. Quand même. C'est classe.

L'apart est immense, j'ai ma chambre et ma salle de bain, une immense terrasse cerne l'ensemble et offre une vue sur tout Abidjan, son centre, son port, sa lagune. C'est chouette, et ça tombe bien, je suis claqué. On se voit un rhum, insérante un bout, on rattrape le temps perdu, je mets un coup de clim dans ma chambre, une bonne douche, et au lit.

La nuit va être bonne. Puis en bas, ya 3 mecs. Vous vous rendez compte ? 3 mecs rien que pour nous. Allez trouver ça chez nous.

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