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vendredi 6 novembre 2015

Mon voyage en Côte d'Ivoire (troisième jour)

Troisième jour

Initialement, le programme était simple : François va bosser le matin, pendant que je reste à l'apart pour bosser également, et des ouvriers doivent venir en cours de matinée pour monter un bar dans le grand salon (en vue d'une importante réception avec des clients que François doit tenir le soir même, qui fait aussi guise de crémaillère de son apart).
Dans la pratique, on est en Afrique. Sur la matinée, les mecs sont effectivement arrivés le matin, mais ont semblé découvrir le boulot en arrivant sur place. Apres tout, François leur avait juste donné les plans détaillés 15 jours avant. La veille, ils étaient venus prendre des mesures. Et oui, les gars du coin ont dû mal à comprendre les plans. Donc en dépit de leurs propres mesures, ils sont arrivés avec des morceaux de bois pas à la taille, il a fallu les installer sur la terrasse, ils ont commencé à ramener leur matériel, couper, poncer, dégueulasser tout au long de la journée la terrasse, puis le salon. À midi, ils devaient avoir fini, et dans les faits, il n'y avait même pas la première planche de posée. A 14h, ça commençait à ressembler à quelque chose, à 16h, devant le manque de temps, ils avaient produit une version approximative du bar, plus courte d'un mètre que prévue, sans les étagères, pas la bonne taille. Bref, François n'était pas content.

Ca a quand même de la gueule.



Il faut ici saluer le boulot de la femme de ménage et de sa fille qui ont décrassé l'apart avec une efficacité exemplaire. Le traiteur a livré ses plats à l'extrême limite, et au final, les invités ont été enchantés de la réception, de la déco, et de sa soirée dans l'ensemble. Il faut reconnaître que François sait recevoir, et la taille conséquente de son logement y fait beaucoup. 200m2 d'appartement, autant de terrasse, au 7ème étage avec vue panoramique sur Abidjan, le tout pour en gros 2000€ par mois. Essayez d'avoir ça dans une capitale européenne. Pour ceux que ça intéresse, on peut trouver des logements franchement sympas autour d'Abidjan pour 600/700€ mensuels. Savoir que loger ici implique le plus souvent la présence d'une femme de ménage et d'un gardien permanent. Pour l'expatrié, ça ne coûte pas cher. Pour le local, c'est un emploi plutôt correct, compte tenu du niveau de vie local. C'est assez ahurissant de mon point de vue, mais François m'explique qu'il est plutôt généreux. Il paye les taxis, peut parfois donner l'équivalent d'un mois de salaire pour des activités renforcées (genre le ménage d'après Fiesta), lâche toujours un peu de billets en rab' pour la qualité du service. A comparer aux autres expatriés que j'ai pu voir, il entretient une relation bien plus forte que la moyenne avec les Ivoiriens, qui le lui rendent bien.

Petite parenthèse, il a fallu durant l'après-midi faire un crochet pour acheter du vin pour la soirée, et un peu de matériel électronique (une carte SD, des câbles pour la chaîne Hi-Fi...), ce qui m'a amené à me retrouver dans des endroits assez improbables, dont un où je n'aurai pas osé pénétrer si je n'avais été accompagné par quelqu'un connaissant les lieux.
Le premier est simplement un supermarché Top Budget. Vous savez, la marque bas prix qu'on trouve chez nous en grande surface. Engoncée dans un bâtiment tout pourri, au milieu d'une circulation chaotique, comme d'habitude.

J'ai moyennement confiance...



Des gardiens, reconnaissables à leur t-shirt jaune (code couleur qui se retrouve de partout, y compris pour les gardiens de notre immeuble) nous font signe, indiquent les places libres, aident à la manœuvre pour se garer et viennent t'ouvrir la porte. Ça continue de me surprendre quand ça arrive. Le magasin, vu de l'extérieur, n'a absolument rien de glamour. Comme souvent, il ne faut pas s'arrêter sur les extérieurs. Une fois entré, je découvre avec stupeur une sélection de vins de qualité, très importante. Tout y est, comme chez nous, même des petits vins qu'on aime bien ma femme et moi. J'en prends d'ailleurs des photos, tellement c'est inattendu pour moi.


Le service, une fois encore,est irréprochable. Un petit gars se démène pour nous trouver les caisses, nous les emballe, nous les charge et je constate qu'il y a vraiment un employé à chaque rayon prêt à sauter sur le client qui a besoin de quoique ce soit. Autre truc marrant à la caisse, il y a là 3 employées. Une qui bippe les articles, une qui "supervise" le travail de la première. Quant à la troisième, j'essaie encore de trouver sa fonction, autre qu'être assise sur le tapis où l'on pose les courses à ne rien faire. Seuls les salaires et le niveau de vie extrêmement bas, comparé à l'Europe, peuvent permettre l'emploi d'autant de personnels. La majeure partie du temps, il doit y avoir plus d'employés que de clients dans le magasin.
Bref, nous sortons. Nos courses sont de nouveau prises en charge par un employé, tandis que, comme à l'arrivée, un gardien va arrêter la circulation pour nous permettre de partir, à grands renforts de coups de sifflets inutiles, mais énergiques. Direction notre seconde destination, la plus inattendue des 2.
La rue 17, comme elle s'appelle, consiste en un espèce de rez-de-chaussée de bâtiment bétonné, pas entretenu, composé d'allées très étroites, où les marchands de tout poil tiennent une myriade de stand d'un mètre de long, dans des coursives basses de plafond, étouffantes et surchargées de monde. Dans tout film occidental d'espionnage en pays exotique, il y a cette scène de course poursuite où le héros pourchasse les méchants dans un cadre similaire, bousculant tout le monde, virant héroïquement de droite à gauche en connaissant miraculeusement son chemin. Voilà le genre d'endroit.
A l'arrivée, un type, inconnu au bataillon, s'octroie le même rôle que les gardiens de parking des supermarchés. Il nous indique une place, bloque la circulation, nous aide à nous garer et nous accompagne pour nous guider. Comprenant qu'on ne lui achètera rien, il disparaît au détour d'une allée. On trouve sans problème le matériel demandé. De ce côté là, on trouve sans souci ce qu'on recherche en Côte d'Ivoire, pour des prix pas très éloignés des nôtres. A la sortie, l'individu nous retrouve comme par hasard (en fait, il ne nous avait jamais perdu de vue), et nous reconduit à la voiture, aidant la sortie de la même manière que l'arrivée. Il obtiendra un pourboire en remerciement. C'est bien ce qu'il espérait. La gentillesse et le service, et la discrétion pendant nos achats, méritent amplement qu'on l'en récompense.

J'ai aussi pu constater que parfois les gérants de magasin ne sont guère au courant des modalités de paiement. Je m'explique. Ici, la monnaie est le franc CFA. 1€ = 655 CFA, en gros. Mais la Côte d'Ivoire utilise aussi un code monnaie qui s'appelle XOF. En clair, les chèques sont habituellement libellés en XOF ou en CFA, c'est égal. A priori, la patronne du top budget n'a pas été informée de la chose. Et comme on marque ici au dos de ses chèques son numéro de téléphone, cela permet au magasin de te harceler jusqu'à ce que tu cèdes. Du coup, la madame a appelé tant et si bien qu'il a fallu retourner la voir, lui régler la somme en espèce, parce qu'elle était convaincue que XOF signifiait faux chèque. Elle a appelé trois jours durant quand même...

Bref, tout était réglé, de justesse, mais quand même. Les invités commencèrent à arriver, ce qui me donnera l'occasion de consacrer mon prochain article aux expatriés et à leur façon de vivre ici.

jeudi 5 novembre 2015

Mon voyage en Côte d'Ivoire (complément sur le jour 2)

A propos des vendeurs à Abidjan

Si vous êtes agacés quand, en France, les petits roms viennent vous quémander des trucs au feu rouge, préparez-vous à un tout autre niveau ici. La vente dans la rue, faites par des quidams en tout genre, est une pratique bien établie. Et comme les bouchons sont fréquents, ils viennent vous voir pour vous vendre à peu près tout et n'importe quoi.
En vrac, nous avons pu croiser :
2 jeunes qui nous vendaient des CD des dernières nouveautés françaises : Céline Dion, Phil Collins, Francis Cabrel (François Gabriel, qu'il disait). Quand on lui a demandé un roux pour les jeunes, il nous a sorti Frédéric François. La politesse demande toujours d'écouter, de discuter un peu, de dire merci, même si on n'achète rien. Même si on a envie de gentiment rigoler.
Des vendeurs de coques de téléphones portables, selfie-stick et autres accessoires
Les vendeurs officiels d'un opérateur téléphonique très répandu ici. Ils te sautent dessus, dernier smartphone en date à la main, te le marchandent, te proposent le forfait. Sans aucun terminal informatique, j'ignore complètement comment ils gèrent l'inscription depuis la rue. On les reconnaît à leur veste fluo de type sécurité routière. Imaginez les gars de SFR en France faire pareil aux péages. C'est assez marrant.
Les vendeurs de bouffe. Ils s'installent le long de la rue, viennent te proposer leurs fruits et légumes fraîchement cueillis (normalement). Ceux qui cuisent des choses allument leur brasero à même le sol. On s'arrête, on prend une brochette, si on est habitué ou qu'on est courageux. Du point de vue du visiteur européen, l'hygiène douteuse est assez dissuasive. Le vendeur de poissons et fruits de mer qui garde depuis le matin ses produits dans des bacs à glace, le tout entouré de nuées de mouches, ça ne donne quand même pas trop envie. Le truc est en fait de s'y fournir juste quand les arrivages sont rentrés, c'est à dire le matin ou en fin de journée.

Ci-dessous : quelques aspects des rues d'Abidjan, entre constructions françaises récentes et rues pauvres, voitures modernes et coutumes ancestrales. Lieux de contraste absolu.








Des vendeurs de meubles. Alors là j'ai été soufflé. Le long de la lagune, j'aperçois soudainement ce qui m'a fait penser à des bars lounge un peu hype. Mais posé au milieu de friches, c'était assez déroutant. Surtout sans bar à proximité. François m'explique que c'est le coin des ébénistes qui viennent vendre leurs meubles faits mains. En s'approchant, je constate que ce sont de très beaux objets, souvent assez modernes, bien finis, qui n'ont rien à envier au design d'un certain vendeur finlandais. François m'expliquera que l'ensemble des meubles qu'il a chez lui ont été commandés et fabriqués ici, par des artisans locaux. Je trouve ça super classe.

Et vous ?





C'est vrai que l'aspect bordélique de l'ensemble paraît vraiment repoussant pour qui n'a pas l'habitude. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'essaie d'aborder tout ce que je vois ici avec une honnête ignorance, quitte à passer pour un idiot. Comme dans tout ce que j'ai pu voir depuis mon arrivée, l'ambiance joyeuse qui règne sur tout ça te permet de vraiment comprendre ce que ce pays a d'attractif. François y est allé en traînant les pieds la première en 1995, et depuis il y est toujours resté attaché. J'essaie de comprendre cette sensation qui m'a toujours intrigué. La meilleure approche est de tout découvrir sans aucun préjugé. Étant humain, j'en ai forcément quelques-uns, et essaie toujours d'aller au-delà. Et puis quelque soit l'état de ce qu'on découvre, les Ivoiriens sont tous tellement sympa qu'on passe vite outre les apparences. Dans un pays moins chaleureux, j'aurai sûrement perçu les choses très différemment.

A noter quand même : on a eu beau faire les courses au supermarché à l'européenne, y prendre de la viande française qui coûte la peau des fesses, on a découvert une fois rentré qu'elle était passée et immangeable. Côté chaîne du froid, il y a encore quelques progrès à faire :-)

mercredi 4 novembre 2015

Mon voyage en Côte d'Ivoire (second jour)

Second jour

J'ai bien dormi, mais pas beaucoup. Une petite heure de décalage horaire, et le fait que j'avais bien dormi dans l'avion, ont fait qu'à 5h45, je suis debout. François est déjà debout, hagard, café dans une main, clope dans l'autre. Il bosse ce début de semaine. Ça tombe bien, moi aussi. Il me laisse donc à l'apart' en me précisant que dans la matinée, Béatrice, la femme de ménage, puis Fatou, son intendante (j'y reviendrai), doivent passer.
Ma foi. Pas de souci, je sais ouvrir une porte. Mais c'est l'Afrique, et les plannings se déroulent rarement comme attendus. Effectivement, Béatrice arrive, mais pas seule. Avec elle, il a deux bonshommes qui viennent changer les climatiseurs défaillants du salon. Je leur explique qu'il n'y en a qu'un sur 2 en rade. Mais je vais apprendre que les Ivoiriens poussent souvent le zèle à l'excès : on leur a dit d'en changer 2, alors ce sera 2. On leur a donné des modèles moins efficaces, qu'il en soit ainsi.
Je vais aussi apprendre que question anticipation, les gars ne sont pas du tout au point. On a souvent dit, et je ne trouve pas ça très sympa, que les Africains sont de grands enfants. Mais dans le cas de ses ouvriers, on a vraiment ce sentiment. Ils ont oublié un truc, ils vont repartir, tous les 2, sans qu'on les voie, et revenir... 3h plus tard. Ironie de la chose, ils n'ont changé qu'un seul climatiseur sur 2, celui qui marchait bien ! (Remplacé par un autre moins puissant, si vous avez tout suivi).
Dans la cuisine, je dois me battre avec Béatrice pour avoir le droit de laver mon assiette de midi. Sur ces entrefaites arrive Fatou. Fatou, c'est l'intendante de François. Il l'a rencontrée par hasard quand il cherchait son logement, et de fil en aiguille, c'est elle qui est désormais en charge de la plupart des tâches pratiques. Il faut trouver des ouvriers, des peintres, un traiteur, trouver la bonne personne pour faire une tâche, c'est Fatou qui gère, et qui assure le suivi. Une femme super sympa, dynamique. Comme tous les Ivoiriens du pays que j'ai rencontré en 24h, elle partagé cette bonne humeur communicative typique des habitants.
Seconde action du jour, quitter enfin l'appartement pour aller faire quelques courses. Rien d'exceptionnel en soi, mais je ne suis pas venu pour la carte postale. C'est un bon moyen de voir comment vivent les gens. La circulation est toujours aussi bordélique, mais j'apprends avec stupeur que François n'a jamais esquinté une bagnole ici. Quand on sait que 80% des conducteurs n'ont pas le permis, ça tient du miracle.

Ci-dessous, quelques vues depuis la terrasse de l'appartement de François. Pour vous donner une idée, le quartier correspondrait au 15è arrondissement parisien. C'est dire la différence de standard.






Le truc qui frappe ici, c'est vraiment cette alternance d'immeubles en construction, finis, pas finis, délabrés, pas entretenus, récents, et habités où squattés d'une façon ou d'une autre. Il fait tout le temps chaud, la notion de confort et d'habitation est très différente de chez nous.a quelques rues de l'immeuble, on s'arrête devant un immense gaillard habillé de noir. Il est vendeur de charbon. En quelques phrases très simples, François passe sa commande qu'il récupérera au retour. L'argent change de main, la confiance est là. Ici l'argent c'est sacré. Quand on paye pour un truc, on l'a. Pas toujours exactement à l'heure qu'on voulait, mais on l'a. J'interroge François sur le ton assez péremptoire qu'il a employé avec le vendeur. Il m'explique qu'il y a beaucoup de dialectes ici, et quand les habitants parlent peu le français, il faut limiter le vocabulaire pour se faire bien comprendre. Cette différence d'éducation et de parler entre blancs et noirs me met mal à l'aise. Comprenez moi bien. En tant que français, avec notre histoire de colonisation, je n'ai aucune envie de donner l'impression de faire preuve d'une quelconque démonstration de supériorité de race ou de culture. Nous sommes égaux en tôt, et les marques de déférences presque soumises de la part des habitants me donnent le sentiment de cautionner une certaine forme de racisme. Mais à ce qu'il semble, il s'agit de respect, d'hospitalité, et oui, bon, d'un certain héritage de l'ancien temps. Mais il n'y a pas de supériorité idéologique, juste des positions différentes, souvent entre l'employeur et l'employé, entre celui qui a de l'argent et celui qui peut en gagner en étant serviable. Tout le monde joue le jeu et ça ne semble pas se passer si mal. Encore une fois, je ne vois la chose que par un bout de la lorgnette. Il me manque sûrement des infos.
Toujours est-il que j'essaie de montrer ma reconnaissance chaleureuse à chaque geste de gentillesse, et que je prends garde à être généreux et ouvert en retour. C'est bien la moindre des choses.

Continuant la route, je découvre les mini établissements des boutiquiers. Dans ces petits magasins, on trouve de tout en vrac, notamment les cigarettes et les boissons. François à ses habitudes chez l'un d'eux. Encore un peu de route, et nous arrivons à un centre commercial. Là, d'un coup, on se croirait revenu en France. C'est la configuration type grande surface + galerie marchande. Les enseignes sont connues : Kiabi, Minelli, Orange... Les produits sont étonnamment les mêmes que chez nous. Entre les échoppes d'avant et ce magasin, on fait le grand écart, du dépaysement total au retour dans des chemins connus. Çe ne sera pas la dernière fois que j'aurai cette impression.
En caisse, je regarde avec stupeur un type enchemise verte nous interpeler. Nous nous dirigeons vers sa caisse. Pendant que la caissière encaisse, lui décharge les courses, les met sur le tapis, les remballe dans des cartons, les remets dans le caddie et t'attend pur t'accompagner à la voiture. De là, il te met les courses dans le coffre et va ranger le caddie. Tu peux lui filer un pourboire, ou pas. C'est un employé de la grande surface, il est payé (au tarif d'ici) pour proposer ce service. Il en va de même dans de très nombreux magasins "à l'européenne".

Les rues au pied de notre immeuble.




De retour par les routes défoncées, nous récupérons le charbon en vue du barbecue du vendredi soir (le surlendemain) et retournons à la maison. Un des vigiles nous accueille, nous guide pour garer la voiture, prend nos courses, les monte. François le remercie d'un bon billet. A l'intérieur règne un joyeux bazar. Il faut savoir que François reçoit le vendredi tout un parterre d'invités, qui sont autant de potentiels clients. La décoration de l'apart bat son plein. Des gars sont en train d'accrocher de tableaux fait spécialement pour Icî, les menuisiers qui devaient venir monter un bar depuis 15 jours ne sont toujours pas là, les climatiseurs sont changés mais tout est en bordel autour, et pour finir, on attend toujours l'installateur internet qui devait passer demain sans faute il ya 10 jours. Ce dernier passera vers 19h, expliquant qu'il n'avait pas le nom du bon immeuble et qu'il cherchait 2 pâtés de maison trop loin. François leur explique, non sans humour, que c'est pour ça que des panneaux indiquant les noms des rues, c'est quand même bien pratique. Excuses acceptées, le gars du net dit qu'il passera demain sans faute.

Sans faute

Mon voyage en Côte d'Ivoire (suite du 1er jour)

C'est quand j'ai vu un véhicule utilitaire plein à craquer d'Ivoiriens que j'ai percuté que j'étais loin de chez moi. Quand je dis"plein à craquer", je veux dire qu'ils étaient 5 à l'avant, 10 derrière, et encore 4 ou 5 autres dépassant des portières, un pied dedans l'autre dehors, se cramponnant tant bien que mal tandis que le véhicule s'engageait à toute bombe dans la circulation.
Autant le dire tout de suite, avant de conduire ici, il faut un temps d'adaptation. Ca circule, et pas qu'un peu, dans tous les sens, passant devant, derrière, on se monte dessus, les feux sont vaguement respectés mais restent globalement optionnels. On s'arrête sur une 2 voies, un taxi nous encadre à droite, un second à gauche, le 3eme monte sur le trottoir pour s'insérer. Ce genre de choses.





Il existe un unique grand axe à Abidjan : le boulevard VGE (du nom de notre ex-président, si si). 2 fois 4 voies, plein de carrefours anarchiques, et personne n'a pensé à construire des souterrains ou des passerelles pour les piétons, ni même un passage piéton. Les gens sont donc contraints de traverser quand et comme ils le peuvent. Vue la circulation et la vitesse des voitures, je ne m'étonne pas quand François m'annonce qu'il y a grosso modo un mort chaque jour sur cet axe.
Ceci dit, il règne une ambiance joyeuse, bon enfant. C'est le merdier, mais joyeux, heureux. C'est peut être l'impression la plus forte que j'ai eu. Les gens sourient, sont contents ou en donnent l'air, en tout cas. C'est une sorte de flegme local qui fait relativiser le bordel ambiant. T'en as globalement rien à foutre, en fait. Tu te dis que c'est l'Afrique, tu fais avec. L'état d'esprit est assez contagieux.

Côté architecture et infrastructure, le bilan est tout aussi contrasté. D'un côté, on a des éléments récents, posés par ci par là au milieu d'immeubles pas finis, barres de bétons au riez de chaussée desquels se sont installés quand même des commerces. Certains, récents, évoquent les enseignes européennes, d'autres sont faits de bric et de broc. On y trouve tout et n'importe quoi. Les habitués des produits aseptisés français, moi le premier, regardent l'ensemble avec un œil circonspect.
Les routes sont correctes, dans le quartier où habite François. Entendez par là que la terre est tassées, et que les trois sont comblés avec çe qui semble être de la tuile concassée. Oubliez le goudron qui a disparu depuis qu'on a quitté l'axe VGE. Point de trottoirs, des égouts non entretenus qui débordent dès qu'il y a un gros orage, des tentatives de parcs et jardins posés au milieu de zones non entretenues, j'en passe et des meilleures. Même chose du côté des bâtiments. Tout se superpose dans un joyeux bordel, à l'image des gens, de l'ambiance, de tout ce que j'ai pu voir pendant ces quelques 15 minutes de route.

Cahin caha, nous arrivons au pied de l'immeuble où habite François, construction relativement récente de 7 étages. Son appartement se trouve tout en haut. En nous garant, je sursaute quand un homme en t-shirt jaune ouvre ma portière et semble attendre que je fasse quelque chose. Et oui, moi je suis français, un mec qui m'ouvre la porte, c'est soit qu'il veut m'agresser, soit qu'il espère que je lui file du pognon. Alors quand j'apprends quil s'agit simplement des gars qui assurent la sécurité et l'accueil à pied de l'immeuble, je suis surpris. Ils sont super heureux d'accueillir le "fils du patron", prennent mes bagages, l'un d'eux nous accompagne jusqu'à l'appartement.
Je précise que quand je parle du "fils du patron", çe n'est pas u e quelconque marque supérieure. François les appelle patron, ils l'appellent patron, on se tutoie, c'est surprenant quand on connait pas, mais c'est comme ça. Moi, à ce moment-là, j'ai déjà renoncé à garder le contrôle de la situation, les usages ici sont trop différents de chez moi. Les gens sont gentils et serviables, bordel, j'ai pas l'habitude.
Alors oui, évidemment, des billets glissent d'une poche à l'autre. Trois fois rien pour un expatrié, mais ca met du beurre dans les épinards des gars d'ici. C'est l'usage, c'est une marque de remerciement et de respect, pas comme le pourboire qu'on donne en hôtel chez nous, qui est attendu, voire exiger. Ici, ça semble créer un réel lien, et les mecs sont prêts à tout faire pour François. Ils l'adorent, lui les respecte, pas de réelle barrière en fait, dans la mesure du possible.
Je n'en reviens toujours pas. 3 mecs pour garder un immeuble. Quand même. C'est classe.

L'apart est immense, j'ai ma chambre et ma salle de bain, une immense terrasse cerne l'ensemble et offre une vue sur tout Abidjan, son centre, son port, sa lagune. C'est chouette, et ça tombe bien, je suis claqué. On se voit un rhum, insérante un bout, on rattrape le temps perdu, je mets un coup de clim dans ma chambre, une bonne douche, et au lit.

La nuit va être bonne. Puis en bas, ya 3 mecs. Vous vous rendez compte ? 3 mecs rien que pour nous. Allez trouver ça chez nous.

mardi 3 novembre 2015

Mon voyage en Côte d'Ivoire (jour 1)

NB : Je rajouterai les photos à mon retour en France. La connexion ici ne me permet pas de compiler l'ensemble. Restez attentifs ;-)

Avant-propos

D'une façon ou d'une autre, j'ai toujours été lié à l'Afrique. Mes parents m'ont emmené en Algérie, au Maroc et au Sénégal alors que j'étais tout petit. J'en garde quelques souvenirs diffus, et de nombreuses photos de mes parents, datant d'avant ma naissance. Paradoxalement, j'ai horreur d'avoir chaud, et je ne mets que rarement les pieds dans les pays tropicaux, à part mon voyage de noce en République Dominicaine, en mode gros touriste de base venu boire des cocktails et glander sous les cocotiers.
J'ai 35 ans, un beau-père qui travaille en Afrique depuis 20 ans, et on a enfin trouvé l'occasion pour que j'aille lui rendre visite.

Je vais essayer de vous rapporter ce voyage avec le plus de dépouillement possible. C'est à dire que j'ai des à priori, des questions, parfois bêtes, et une image forcément fausse d'une contrée que je ne connais pas. Je suis donc le français lambda qui se retrouve propulsé en plein Abidjan. Heureusement, François, mon beau-père qui me reçoit, est plutôt bien installé et s'occupe de me faire découvrir l'endroit. C'est un saut dans l'inconnu, mais avec un bon guide.

Le voyage

C'est donc le mardi 3 novembre à 8h que je file à l'aéroport de Lyon St Exupéry pour prendre mes 2 vols Lyon/Paris puis Paris/Abidjan, capitale de Côte d'Ivoire. Je voyage avec Air France, ce qui représente une amélioration notable vis à vis des nombreux vols EasyJet que je prends d'habitude.
Rien à signaler entre Lyon et Paris, qui n'est qu'un vol national comme un autre.
Je n'ai qu'une heure pour la correspondance, mais tout se passe bien. Je me suis occupé de mon visa en amont. Côté paperasse, je suis couvert.

Un mot sur l'avant-voyage. Il faut anticiper ses vaccins, surtout la fièvre jaune. Dans mon cas, on en a profité pour faire aussi l'hépatite A et 2 rappels. 4 piquouzes la même semaine, autant vous dire que ca lançait un peu dans les épaules. La fièvre jaune, ça secoue un peu le soir qui suit, mais la gène ne dure pas. Comptez 150€ l'ensemble.
Autre étape indispensable, le visa, qui s'obtient au consulat de Côte d'Ivoire, qui squatte les locaux de la maison des artisans à Lyon, 2 fois 3h chaque semaine. Pour 50€, vous déposez votre demande et récupérez le visa 2 jours après. 10€ de plus et vous l'avez de suite. Le visa nécessite un billet d'avion aller-retour, l'adresse de l'hôtel ou bien de la personne qui vous héberge. Allant voir de la famille, on m'a fait un visa de 6 mois. Je suis large.
Avec tout ça, j'étais paré.

L'aéroport de Roissy, terminal 2E, c'est peinard. Ya des bornes de jeu ps4, des prises pour les portables, des pic en libre accès, un espace musée et même un nouvel espace cinéma. Mais avec moins d'une heure sur place, pas le temps d'en profiter. J'ai 3h au retour, je verrai à ce moment-là.

Embarquement, c'est parti pour 6h30 d'avion. Rien de notable, à part peut-être mon voisin. Oriental, parlant un mauvais anglais, nerveux, presque agressif, sur la défensive. Il a passé la moitié du vol à se tortiller sur son siège, se tapant les cuisses avec les poings. Vue l'actualité récente, je me suis demandé si le mec avait pas embarqué un bagage explosif. En plus, il prenait de la place et ne sentait pas bon. La totale.
Ça faisait 8 ans que je n'avais pas pris un long courrier. J'ai été agréablement surpris. La nouvelle interface avec écran tactile pour se distraire est bien fichue. Le choix de films, séries, jeux, musiques et interactivité est vaste. Ca tient bien occupé. Un bon bouquin entre 2, un peu de sommeil, les 6h30 s'avalent sans souci. Bonne bouffe aussi, vin et champagne gratos, petite glace avant l'arrivée. Ya pire.




Au moment de l'atterrissage, mon voisin nerveux se signe. C'est con à dire, mais je le suis dis que du coup, on ne craignait pas la bombe. Effectivement, c'était juste un pauvre monsieur terrorisé en avion, qui est devenu jovial dès l'avion posé. Où nous entraînent l'imagination et les clichés, des fois...

Arrivée à Abidjan

L'aéroport Félix Houphouet-Bouany n'a rien à envier à ses homologues européens. C'est peut-être un peu plus cool parmi le personnel, et un peu moins carré dans les files d'attente à la douane, mais à part ça, l'Afrique n'est pas trop dépaysante. Pour le moment.

François m'attend à la sortie. Il fait chaud, humide. Je m'étonne de voir des mecs couler du béton sur les parkings alors que la nuit est tombée. L'énorme 4x4 démarre. Et là, ça commence...

lundi 22 juin 2015

France - Antibes

Antibes, pour moi qui suis lyonnais, ça me faisait rêver. Juste après Cannes, juste avant Nice, proche de l'Italie, et entouré d'une aura "people" depuis plus d'un siècle. J'y suis allé pour le boulot, mais j'ai réussi à me ménager un peu de temps pour aller visiter les lieux, par une splendide journée de juin.

Surplombant le port, le premier édifice qui m'a frappé, c'est le fort carré, construit sous Henri II, puis retouché par le célèbre Vauban, sous Louis XIV.
Au pied du fort, un grand stade, surplombé par un monument au mort de 14/18, orné d'un poilu assez impressionnant.


Notez que le poilu tient son arme à gauche. Il est entouré de gradins assez monumentaux, qui donne au stade l'allure des stades antiques, assez prisée dans les années 30.



au bout des gradins, la référence à l'antique de poursuit avec cet amphithéâtre.




Quittant le fort carré, on passe le port et on arrive à l'entrée de la vieille ville. Là, entre les fortifications et la digue, la ville a créé une esplanade moderne qui s'insère plutôt bien entre les vieilles pierres.
Il faut savoir qu'Antibes est à l'origine une colonie de la cité grecque de Marseille, et se nomme alors Antipolis. Autant dire que ça ne date pas d'hier.




Derrière cette place, à l'abri du rempart, la vieille ville s'ouvre en ruelles étroites, fraîches, animées, pleines de petits commerces. Ca sent presque bon l'Italie.





A la pointe de la ville, on découvre l'ancien château salé, désormais lieu de résidence de quelques heureux propriétaires qui bénéficient là d'un cadre réellement enchanteur.


Depuis le front de mer, la vieille ville s'étend en direction du port. On aperçoit l'une des 2 tours sarrasines, et devant elle l'ancien palais Grimaldi, désormais musée Picasso.


De retour dans la vieille ville...







Notez l'inspiration extrêmement romaine de l'église, et le travail superbe de sculpture sur sa porte.





Dès qu'on ressort de la vieille ville en direction du port, une petite plage est prise d'assaut.




Au bout du port, que je n'ai pas eu le temps de voir de près, se dresse une étrange statue. Une version moderne du colosse de Rhodes gardant l'entrée de la rade ?



Le fort carré vu depuis le port.





Le rempart par lequel nous sommes arrivés au début marque clairement la séparation entre la ville et le port.


Que dire ? Je suis toujours très critique concernant les villes touristiques de bord de mer, car elles ont en général subi les assauts des constructions touristiques anarchiques qui défigurent et ôtent tout charme à ces cités. Mais à Antibes, au coeur de la vieille ville, on trouve une vraie douceur de vivre, animée, conviviale, pleine de charme et où l'Histoire reste omniprésente.

En bref, j'ai adoré.