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mercredi 2 mars 2016

Mon voyage en Côte d'Ivoire (Troisième jour, partie 2 : la soirée des expatriés)

En préambule, quelques excuses pour ce long silence. La suite du voyage ne m'a pas permis de poster mes articles en temps réel, et une fois revenu en France, la vie m'a attrapé et je n'ai pas eu le temps de mettre à jour.
PS : si vous aviez lu les articles précédents, je viens d'y ajouter les photos.

Donc, la fameuse soirée réunissant amis et collègues (et quelques officiels) était sur le point de débuter. Pour être raccord avec le joyeux bordel (décidément l'expression qui résume le mieux l'ambiance générale, ici) de l'organisation, on attendait toujours l'arrivée du buffet à presque 21h. Deux mecs étaient venus, puis étaient repartis chercher les plats, et on les attendait encore. Idem avec les 2 barmen embauchés qui semblaient voir un bar pour la première fois de leur vie.

Puis le défilé commença.
Les expatriés, du moins ceux que j'ai pu rencontrer durant ces quelques jours, se classent en 4 catégories. Il y a les messieurs qui ont de bagage et de la classe, les messieurs qui ont des compétences mais ont le niveau intellectuel du gros beauf de chez nous, les dames qui accompagnent leur mari et font peau de fleur, et enfin les "dames" issues du pays et qui ont pu faire un mariage à leur avantage (dont monsieur ne parle pas trop à son autre femme restée en France).
Les femmes se sont faites belles, mais en même temps elles n'ont que ça à faire. Les messieurs ont tous la même tenue : un jean, des chaussures de villes, et par dessus ça une chemise froissée, imbibée de sueur, qui traîne nonchalament hors de la ceinture. Tout le monde sue à égalité, mais ça se voit plus sur les blancs.

Que dire d'autre. On boit beaucoup, on parle fort, on négocie des contrats et on s'échange des expériences africaines. C'est un peu le parent riche du PMU, ou le parent pauvre des soirées de l'ambassadeur, on ne sait pas trop. C'est dur ici de choisir ses relations. Les amis sont des partenaires de boulot, et inversement. C'est un petit univers où tout le monde se connaît, et où on doit supporter ceux qu'on n'aime pas.
A noter qu'à part quelques "grands messieurs", comme on dit ici, de l'intelligentsia abidjannaise, l'Ivoirien moyen ne fréquente pas les expatriés autrement que dans un rapport d'employé, même apprécié pour ses qualités. Il y a partout cet espèce de supériorité un peu puante des blancs, pas pensée en tant que tel, mais bien visible. Il y en a sûrement d'autres qui vont à la rencontre des habitants, d'égal à égal, mais pas dans le milieu où je suis.
Ici, on est quand même là pour bosser, on ne se mélange pas. Je ne suis pas sûr d'aimer ça.

Pour définir le niveau, sachez que vers 2h du matin, ils ont fait la chenille dans le salon, avant de proposer de m'emmener "au Saint Germain".

- Quoi, c'est ta première fois à Abidjan ?
- Tu ne connais pas le St Germain ?
- Il faut absolument qu'on t'emmène au Saint Germain !

Et bien soit.
Le Saint Germain, me dit-on, c'est LE bar pour les expatriés. Alors on descend avec les quelques survivants de la soirée, on prend les bagnoles sans se préoccuper d'alcoolémie. Je remarque que les femmes de ses messieurs, obligées de suivre sans qu'on leur ai demandé leur avis, font un peu la tronche. Ca aurait du me mettre la puce à l'oreille, après réflexion.

Route, bosses, lagunes, agents de sécurité, parking.

Le Saint Germain, donc, est en apparence un bar dansant de base. C'est à peu près propre, la musique est bonne, la bière est tiède (en plus j'aime pas ça), et je suis content pour une fois de voir que blancs et noirs s'y mélangent sans distinction. L'ambiance est bon enfant.
Il doit y avoir un piège...
Je constate qu'il y a beaucoup de jeunes femmes, ouvertes, charmantes, entreprenantes, mais pas trop. Naturelles et sympa, juste ce qu'il faut. Naturellement, ma première réflexion, c'est de penser aux prostituées de chez nous. Je m'en ouvre à François, qui m'explique. Ces jeunes femmes sont des abidjanaises comme tant d'autres. Mais elles ont l'espoir de rencontrer un expatrié financièrement à l'aise et de le conquérir pour accéder à un meilleur statut social. Elles ne vendent pas leurs services à la nuit (enfin, j'imagine que tout se négocie), mais sont prêtes en tout cas à faire ce qu'il faut pour assurer leur sécurité financière.
A leur crédit, elles ne sont pas insistantes. Quelques-uns viendront tenter de danser avec moi, mais je leur souris gentiment en montrant la bague que j'ai au doigt pour qu'elle s'esquive dans un même sourire et glisse vers un autre candidat.

Maintenant je sais comment les expatriés ont rencontré les dames de la seconde catégorie que j'évoquais un peu plus haut :-)

Ainsi s'achève la fameuse soirée. Tout le monde reprend le volant, nonobstant l'alcoolémie, une fois encore, et nous rentrons nous coucher, enfin. Il est 6h du mat, et j'ai encore un gros décalage horaire dans les pattes. Je m'effondre et m'endors rapidement.

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